Comme l’alcool est calorique, si on en boit, évitons de manger pour garder la ligne ! Voilà le nouvel adage, appelé alcoolorexie, qui traverse aujourd’hui la mode... mais est-ce que ça marche ?
La valeur calorique de l’alcool est égale à 7,1 kcal par gramme, soit plus que celle des glucides (4 kcal/g) et moins que celle des lipides (9 kcal/g). Pour calculer la valeur calorique d’une boisson alcoolisée on détermine d’abord la quantité d’alcool contenue dans la boisson.
Par exemple :
L’addition calorique peut grimper vite en cas de plusieurs tournées. De fait une enquête menée aux USA a montré que 26% des jeunes interrogés déclaraient une séance de binge-drinking par semaine, ce qui correspondait à un apport compris entre 0,8 et 1,7 kg de graisse par an. Chez les 4% d’entre eux qui buvaient excessivement 2 fois par semaine, l’apport atteignait entre 6 et 14 kg sur l’année.
L’action de l’alcool sur l’appétit est subtil. Il peut exercer un effet « apéritif » : boire à jeûn donne envie de manger, conséquence probable d’une baisse de la glycémie. Boire pendant le repas conduit souvent à prolonger ce dernier et manger plus que prévu. De fait un travail réalisé chez 52 adultes a montré qu’une charge de 30g d’alcool pur avant le repas augmentait les apports caloriques de 20%. De plus certaines enquêtes, mais pas toutes, ont montré que boire augmentait surtout l’apport en lipides.
Pour une consommation modérée d’alcool, les calories alcooliques viennent en général en supplément des apports nutritionnels, ce qui va positiver la balance énergétique et favoriser la prise de poids.
En cas de conduite addictive caractérisée par une consommation chronique et importante d’alcool, les calories alcooliques remplacent celles de l’alimentation, ce qui conduit à la malnutrition et l’amaigrissement.
En effet les calories alcooliques ne peuvent en aucun cas se substituer aux glucides, protéines et lipides dont l’organisme a besoin pour assurer son fonctionnement.
La particularité des calories alcooliques est qu’elles ne peuvent être stockées; elles prennent une priorité absolue sur les métabolismes jusqu’à ce qu’elles soient épuisées. Les calories provenant d’autres sources prises en même temps sont elles mises en réserve.
L’alcool entraîne une plus grande production de chaleur. Pour une même charge calorique prise à jeûn, l’alcool produit 17% d’énergie sous forme de chaleur contre 6% pour le glucose. Par ailleurs la substitution par de l’alcool de 25% de l’énergie provenant de glucides et de lipides conduit à une dépense énergétique quotidienne supplémentaire de 4%. Tout cela démontre un effet thermogénique de l’alcool plus puissant que celui des nutriments habituels.
L’impact de l’alcool sur le métabolisme des protéines, glucides et lipides a été évalué par la mesure des dépenses énergétiques : ni l’oxydation des glucides ni celles des protéines n’était significativement modifiée alors que celle des lipides était notablement réduite; certains travaux ont même montré que l’alcool favorisait la lipogénèse.
Si on boit le ventre vide, l’intégralité de l’alcool consommé passe dans la circulation alors que manger avant de boire permet à une partie de l’alcool, environ 20%, d’être dégradée dans le tube digestif, ce qui diminuera d’autant la charge calorique. Alors il est pertinent de manger un peu avant de boire, en évitant de préférence les lipides.
Boire un coup à jeûn ouvre l’appétit puis les calories s’additionnent, aussi mieux vaut être attentif à la fois à la quantité d’alcool et de nourriture absorbée.
Quant au binge-drinking à jeûn, il apporte de nombreuses calories alcooliques qui seront en grande partie inutilisables, l’organisme n’en bénéficiera pas alors qu’il pâtira des effets négatifs de la forte dose d’alcool ingérée.
Nalpas
MD, PhD
Directeur de recherche émérite
Département Information Scientifique et Communication de l'Inserm
Andreani
Isabelle Andreani est autrice réalisatrice de projets de création numérique et immersive.
Consultante spécialisée dans les nouveaux médias, elle a construit sa carrière autour d'Internet et du numérique.
Elle a une double formation d'ingénieur-chercheur en Physique - INPG / UJF de Grenoble - et de management en nouvelles technologies - Master HEC / Telecom Paristech.