Hexahydrocannabinol (HHC), une autre molécule qui fait parler d'elle

Le chanvre, ou cannabis sativa, contient plusieurs centaines de molécules nommées cannabinoïdes. Les plus connues sont le Δ9-THC, responsable des effets psychoactifs et le cannabidiol ou CBD. Cette molécule n’a pas d’effet psychoactif mais aurait, à des degrés variés, des propriétés anti-inflammatoires, anticonvulsivantes, anxiolytiques, analgésiques (voir article Cannabidiol (CBD), une molécule qui fait parler d’elle). Le Δ9-THC est classé dans les substances interdites. Comme le CBD ne l’est pas,  un commerce florissant, dit de cannabis light, s’est établi. La seule contrainte est que le CBD commercialisé doit contenir moins de 0,2% de Δ9-THC (voir article Cannabis Light n’est pas Cannabis Zero). 
Au-delà de ces molécules connues du public, bien d’autres cannabinoïdes sont présents dans les variétés de cannabis pauvres en Δ9-THC mais riches en CBD. Parmi eux, le hexahydrocannabinol ou HHC est présent à l’état naturel dans la plante Cannabis Sativa, et a pour propriété de se lier au récepteur CB1 avec presque la même force que le Δ9-THC. En conséquence il produirait, sensiblement les mêmes effets, c’est-à-dire une euphorie, une amélioration des perceptions sensorielles, un besoin de manger mais aussi des modifications de l’humeur qui peuvent dans le sens positif tout comme dans le négatif. Toutefois les études chez l’homme menées selon un protocole rigoureux font aujourd’hui défaut. Chez le rat, il a été démontré dans un travail datant de 2013 qu’il provoquait une hypothermie, une analgésie et un ralentissement moteur. 

Surfant sur ces propriétés psychoactives, certains se sont mis en tête d’augmenter la proportion de HHC dans les plants de cannabis pauvres en Δ9-THC.

De fait, on connaît depuis les années 1940 la manière de produire du HHC de façon semi-synthétique directement à partir des graines ou de la résine de cannabis par transformation du Δ8-THC, mais aussi du Δ9-THC et du CBD. 

Toutefois le HHC produit se présente sous 2 formes, le 9R-HHC et le 9S-HHC. Pour les férus de chimie, ce sont des énantiomères. Ces différences subtiles ont des conséquences importantes puisque la forme R se lie fortement au récepteur CB1, donc aura des propriétés psychoactives, alors que la forme S n’offre qu’une liaison faible et sera dénuée d’effets. Les chimistes estiment qu’à partir du Δ9-THC on obtient 3 formes R pour une forme S et à partir du Δ8-THC on obtient 1 forme R pour une S.
Une équipe italienne, dans une étude publiée en 2022, a mesuré les taux de 9R-HHC et le 9S-HHC dans deux échantillons de cannabis « light » acheté en toute légalité dans une boutique. Les taux de 9R-HHC étaient respectivement de 42,5 et 41, 5%, ceux de 9S-HHC de 23,6% dans les 2 échantillons. Sachant que la teneur en HHC est très faible, voire non détectable, à l’état naturel dans la plante cannabis sativa, ces résultats démontrent bien qu’il s’agit d’un ajout volontaire.

En raison de la similitude chimique du HHC et du Δ9-THC, il n’est pas exclu que consommer du HHC pourrait rendre positifs les dépistages urinaires de Δ9-THC, mais on ne dispose pas d’études solides à cet égard.

Le HHC ne fait pas l'objet d'une législation commune au niveau européen pour le moment. En France les pouvoirs publics envisagent son inscription dans la liste des substances interdites dans un bref délai.