Le mot alcool en chimie désigne une grande famille de substances qui ne sont pas toutes consommables - 4ème partie : l'éthylène glycol
Cet alcool contient 2 atomes de carbone comme l’éthanol mais sa formule est différente : CH₂OHCH₂OH. C'est un liquide incolore, inodore, peu volatil. Il est utilisé principalement comme antigel ou liquide de transfert de chaleur dans les moteurs et les systèmes de refroidissement.
Après ingestion l’éthylène glycol est rapidement absorbé par le tube digestif et est véhiculé par le sang vers tous les organes. Il est métabolisé par les mêmes enzymes que celles qui dégradent l’éthanol. Le métabolite final est l’acide oxalique. Il se lie avec les ions calcium, d’où une chute de la concentration de calcium dans le sang, pour former des cristaux insolubles à l’origine de calculs rénaux responsables de colique néphrétique et d’insuffisance rénale. C’est le principal responsable de la toxicité du produit.
L’intoxication à l'éthylène glycol est décrite en quatre phases cliniques qui peuvent se chevaucher. La première survient entre 30 minutes et 12 heures après l'ingestion et consiste en des symptômes d'ébriété, d'ataxie, de coma et de crises d'épilepsie. Douze à 48 heures après surviennent cyanose, une forte accélération de la fréquence respiratoire et un œdème pulmonaire ou une bronchopneumonie. La troisième phase survient 24 à 72 heures après l'ingestion et consiste en une acidose métabolique et une insuffisance rénale. La quatrième phase est une atteinte neurologique. Elle arrive de façon retardée, entre 5 et 20 jours après l’ingestion. Elle se manifeste le plus souvent par une atteinte du nerf facial qui innerve les muscles du visage permettant les expressions faciales.
L’éthylène glycol est métabolisé par les mêmes enzymes que ceux de l’éthanol. Au cas où les deux produits sont ingérés en même temps, l’éthanol sera dégradé en premier, ce qui va retarder l’apparition des symptômes dûs à l’éthylène glycol.
La dose létale d’éthylène glycol chez l’humain est évaluée à 1,4 à 1,5 ml par kilo de poids.
Là encore on dispose de peu de données. Entre 2006 et 2013, 45097 personnes ont été hospitalisées aux USA pour absorption d’éthylène glycol. Dans les 16% des cas , soit 7070 personnes, où l’absorption était intentionnelle, la mortalité était faible, 2%, et les conséquences majeures élevées, 22%.
En conclusion, on peut raisonnablement faire confiance aux boissons commercialisées par les « industriels de l’alcool », quoique des accidents existent comme la présence d’éthylène glycol dans les bières 1664 de Kronenbourg® qui ont fait l’objet d’un rappel national en avril 2024. Un oeil très attentif doit être porté sur les boissons confectionnées dans « l’arrière-cuisine » et celles proposées sans identifiants. En cas de « manque d’alcool », se tourner vers un flacon plastique dont l’étiquette porte le mot « alcool » est une très mauvaise idée car il contient certes peut-être de l’alcool éthylique mais certainement aussi du méthanol.
Une personne qui a absorbé du méthanol, de l’isopropanol ou de l’éthylène glycol doit impérativement être conduite à l’hôpital en urgence, sa vie étant en danger. Il en est de même pour toute personne n’ayant absorbé que de l’éthanol et ayant perdu connaissance.
Nalpas
MD, PhD
Directeur de recherche émérite
Département Information Scientifique et Communication de l'Inserm